Le gouvernorat de Sfax comprend 14 délégations dont celle de l’archipel de Kerkennah. Il couvre une superficie de 6.366,55 km² et est peuplé de près d’un million d’âmes.
Le chef-lieu de la délégation a hérité du surnom de «capitale du Sud» et mérité le titre de deuxième capitale économique du pays. Industrieux, imaginatifs et hardis, les Sfaxiens ont investi tous les domaines de l’activité économique traditionnelle et moderne.
L’agriculture, plus particulièrement l’oléiculture, pourtant pratiquée en milieu naturel plutôt défavorable, y tenait avec la pêche et l’artisanat le haut du pavé jusque dans les années 1960. Depuis, une remarquable percée dans le secteur industriel a transformé la région en pôle industriel de tout premier plan et s’est accompagné d’une expansion qui a porté les investisseurs sfaxiens dans toutes les régions de Tunisie et bien au-delà.
Ce boom économique a provoqué une explosion urbaine aux quatre coins du gouvernorat qui s’est traduite par l’effacement quasi-total du cadre de vie traditionnel au profit d’une «modernité» aux avantages tout à fait discutables. La région est pourtant héritière d’un passé très riche dont témoignent encore les vestiges antiques de Thyna ou de Ksar Younga pour la période antique ou les noyaux anciens des villes de Sfax, Jébéniana ou Mahrès. Si le reste du gouvernorat est à caractère fondamentalement rural, cela ne l’empêche pas d’être capitonné de «borjs», résidences fortifiées de belle allure implantées au milieu des «jnèns», ces mini haciendas qui ceinturaient la ville de Sfax, ou de receler maints sites antiques comme à Ellouza ou à Boutria. Malheureusement, la mise en valeur et l’exploitation de ces richesses n’ont pas constitué une priorité dans la dynamique qui caractérise la région.
N’empêche, la médina de Sfax garde de très beaux restes qui invitent le visiteur, même le plus pressé, à marquer une pause pour découvrir ruelles, souks, musées et marchés, sans parler des remparts de la vieille ville, ni du coquet quartier moderne aménagé aux débuts du XX° siècle et qui mêle une touche traditionnelle tunisienne au style européen.
Polynésie en Méditerranée
Ce gouvernorat s’offre une belle devanture sur la mer. Malheureusement, elle n’est praticable que dans une partie du littoral, au sud de la ville de Mahrès, le reste ayant été gravement souillé par la pollution.
Pourtant, des plages pour ainsi dire vierges, il en reste encore dans cette région. Il faut emprunter le ferry pour aller les chercher en face, à près de 18 km au large du port de Sfax. Là, les îles de Kerkennah ont su préserver leur magie au prix d’une certaine «marginalisation» par rapport au boom économique du voisin continental. Ici, les choses sont restées en l’état ou presque, ce qui donne au paysage des airs de Polynésie voguant en Méditerranée. Palmier omniprésent, habitat dispersé et –encore- discret, harmonie entre l’homme et son milieu, accueil spontanément chaleureux : Kerkennah est assurément l’un des derniers paradis méditerranéens.
Et puis, des deux côtés du détroit, une des dernières cuisines authentiques, essentiellement à base de produits de la mer. Cela se découvre, se savoure et se passe de commentaires.
Tahar Ayachi